Bref rapport sur une très fugitive beauté by Jérôme Leroy

Bref rapport sur une très fugitive beauté by Jérôme Leroy

Auteur:Jérôme Leroy [Leroy, Jérôme]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science-fiction
ISBN: 225177162X
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


« Sueur de sang pour tout le monde

La Rouge a commencé sa ronde.

La défense immunitaire

A fait son temps sur la Terre. »

Puis il saisit dans une des poches intérieures de sa veste le petit automatique extra-plat Tanfoglio 22 qui ne le quittait jamais et il se tira une balle dans la bouche.

DEUXIÈME PARTIE

La Ville, à midi

« Au réveil il était midi. »

Rimbaud, Les Illuminations.

19

Avenue de Verdun,

13 juin, 12 h 00

Alors que l’ordinateur de bord de la voiture avait indiqué qu’il fallait une petite demi-heure pour se rendre du quartier des Entrepôts au domicile de Raphaël Villars, l’agent spécial Canche mit largement trois fois plus de temps. En désespoir de cause, il avait même débranché la machine qui ne lui servait plus à rien.

Defoe ne s’était pas trompé : la Ville sombrait dans le chaos. Et Canche songea qu’il fallait être un peu fou pour vouloir déjeuner avec un ami avant de dégommer un tueur psychopathe dans un univers qui se désintégrait par pans entiers. En bon flic de la PFE, il comprit assez vite la logique désespérée du quadrillage que les autorités mettaient en place : la Ville se transformait en échiquier.

Des barrages empêchaient de passer dans les cases noires et vous ne pouviez plus circuler que dans les cases blanches, ce qui expliquait l’itinéraire compliqué que Canche était obligé d’utiliser, sans compter qu’il ne connaissait pas très bien la Ville.

Tous les cent mètres, ou presque, il était obligé de s’arrêter à des barrages de fortune où se côtoyaient un nombre incroyable d’uniformes disparates, ce qui était un indice des plus sûrs de la désorganisation grandissante des services officiels. Les tenues blanches de la Police régionale se mélangeaient avec les treillis bleus de l’armée fédérale et les uniformes rouges des pompiers de la Sécurité civile. On voyait même, ici et là, les tuniques vertes des Jeunesses bénévoles écologistes. Sans compter des vigiles écussonnés, envoyés pour prêter main-forte par de riches particuliers ou par les grosses boîtes qui les employaient. La plupart des hommes et des femmes portaient des masques antipollution et Canche se demandait si cette précaution servait vraiment à quelque chose.

Il s’arrêtait aux barrages, montrait sa carte à des gradés tantôt épuisés, tantôt proches de la crise de nerfs. À chaque fois qu’il baissait la vitre de sa voiture, une rumeur faite de cris indistincts, de moteurs en surrégime, d’ordres lancés par haut-parleur et de sirènes deux-tons entrait dans l’habitacle insonorisé et le faisait sursauter. Ses mains se crispaient sur le volant et l’image de Juliette venait brièvement se superposer dans son champ de vision à ces scènes de cauchemar. On lui donnait des bribes d’informations contradictoires, on lui indiquait des rues qu’il ne trouvait pas ou qui étaient bouclées par d’autres barrages.

Canche apprit ainsi qu’on avait mis en place un cordon sanitaire autour de la Ville, placée en quarantaine par un décret fédéral d’urgence extrême. Quant aux déplacements intra-muros, ils étaient strictement réglementés. Évidemment, personne ou presque n’obéissait et un lieutenant « régio » lui confia même qu’il



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